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1994 Nº0 Ed. resp. : E. J. Crema 2800 militants contre la droite fédérale Le 20 septembre 1993 à Genève, des militants de toute la Suisse romande sont descendus dans la rue pour faire connaître à la droite fédérale ses intentions de résister à son offensive antisociale. L’appel à cette manifestation avait été signé par presque toute la gauche syndicale et politique romande, à l’exception du PDT et de l’OSL. Les premiers n’ont même pas expliqué au comité d’organisation les raisons de leur refus, les seconds ont estimé que l’appel n’était pas suffisamment critique vis-à-vis du PS. Refusant de voir qu’en fait une certaine division s’était concrétisée au sein du parti de la gauche gouvernementale entre ceux qui signaient l’appel et donc critiquaient la ligne majoritaire du PS et les autres qui refusaient d’entrer en matière. En signant uniquement l’affiche, sans signer l’appel, ils ont affaibli l’impact unitaire de cette mobilisation. Cela dit, il est nécessaire de remarquer que leur travail de mobilisation n’a pas été forcément inférieur à celui de certains parlementaires et dirigeants syndicaux qui se sont contentés de venir rejoindre le cortège en fin de manifestation, alors qu’ils avaient signé l’appel. Il faut donc insister sur le fait que l’organisation et la mobilisation a surtout été le fait des membres de SolidaritéS et de certaines sections romandes du SIB (Syndicat de l’Industrie et du Bâtiment) et du SIT (Syndicat des travailleuses et des travailleurs). Dans le contexte actuel cette mobilisation doit être vue comme une victoire contre tous les pessimismes et contre toutes les inerties. Cette manifestation de par sa nature antiparlementaire n’est pas comparable aux manifestations du début de l’année à Berne centrées uniquement contre le chômage. En effet, d’une part elle était convoquée dans une ville et à un moment où l’ensemble de la presse présentait la venue des parlementaires comme un fait « historique » d’ « unité nationale » et « convivial », d’autre part l’initiative a été prise par des groupes de SolidaritéS encore en voie de constitution. Notre travail de mobilisation aurait pu être efficace si une véritable coordination des différents groupes qui se revendiquent de SolidaritéS en Suisse romande était effective ; néanmoins, cela a été réalisé et la presse de droite elle-même a été obligée de couvrir l’événement au-delà de ce qu’il était prévu, la division bien que discrète n’a pas pu ignorer l’opposition dans les rues de Genève. Le premier acte critique de la politique de la droite et de ses complices de gauche au parlement n’est que le début d’une construction d’une volonté d’oppositon aux plans de création d’une armée de réserve de chômeurs de la part du Conseil fédéral. Face à cela nous avons été capable d’aller dire non aux licenciements, aux arrêtés urgents, aux attaques multisectorielles du patronat et en même temps nous avons fait un tout petit pas dans le sens d’une vulgarisation de la revendication des 35 heures sans diminution de salaire et du partage de l’emploi, seule issue réaliste dans l’économie antisociale de marché dans laquelle nous sommes. Ayant passé en revue les éléments qui ont permis cette petite avancée, une question surgit : « à quand une prochaine manifestation nationale contre le chômage, contre la TVA, pour les 35 heures, pour les droits politiques pour les immigrés, pour une véritable assurance maternité ? »
Chaque jour, le nombre de personnes ayant « épuisé » leurs droits aux indemnités chômage augmente. Pour les salaires, pour les perspectives professionnelles et les droits, la très large majorité des femmes ne sont pas en tête de cette sinistre comptabilité. Par contre, elles sont au premier rang des sans-emploi. Et quand il s’agit de licencier les patrons ne font pas de différence entre les travailleurs citoyens suisses et les immigrés scandaleusement privés de droits politiques ! Notre présence aujourd’hui témoigne de notre détermination et de notre volonté de lutter contre les plans antisociaux de la droite et de la gauche officielle qui a accepté cet état de choses. Nous savons aujourd’hui que l’AFU n’était qu’un début et la future loi sur l’assurance-chômage prévoit des nouvelles mesures punitives, on préfère punir les chômeurs plutôt que les exploiteurs qui profitent de la crise pour augmenter leurs bénéfices. TOUT CELA N’EST PAS ACCEPTABLE. ENSEMBLE, IL FAUT S’Y OPPOSER. Une mesure s’impose pour lutter contre ce fléau ; une diminution rapide et importante du temps de travail : 35 heures sans diminution du pouvoir d’achat. Ceci est tout à fait possible parce que la compression des emplois a profité aux actionnaires, et parce que la durée du travail est plus longue que dans les pays voisins. L’absentéisme est le plus bas d’Europe, et la productivité est parmi les plus fortes du monde. Mais réduire la durée ne suffit pas : il faut en même temps agir sur l’économie, en privilégiant la création d’emplois utiles qui répondent aux besoins non satisfaits dans les secteurs comme l’éducation, la recherche, les soins, le logement, l’environnement. Ceci nécessite une modification significative de la répartition des richesses et de la hiérarchie des revenus, qui permettrait à côté des économies réalisées sur le coût du chômage de financer ces nouveaux emplois par une mise à contribution des revenus bancaires, de la spéculation, des plus-values et des gains de productivité.
IL EST URGENT D’AGIR : Dans l’attente des 35 heures
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