Juin 1996 Nº6

Ed. resp. : E. J. Crema

Tchétchénie 

30'000 morts en 17 mois de guerre. L'ancien apparatchik soviétique Eltsine obtient des nouveaux crédits des banques occidentales pour restaurer la libre concurrence dans la C.E. I.. La presse dominante nous explique qu'en ex-URSS tout est possible à condition d'y mettre le prix ! Elle ne semble pas avoir d'informations à nous donner sur le sort des anciens dissidents démocrates révolutionnaires. M. Lambelet et ses amis en auraient-ils ? Nous nous permettons d'en douter, trop occupé qu'il est à pourfendre les chômeurs, les frustrés et les aigris en Suisse (L'Illustré du 22 mai).
M. Mermoud n'a rien à dire sur aucun des deux sujets, il ne s'occupe que des paysans vaudois de droite..

Le Livre Noir du Libéralisme

est à lire absolument (Editions de l'Aire). Des militantes et des militants de la gauche romande analysent l'idéologie et les effets des plans et des actions de la bourgeoisie. Nous avons apprécié particulièrement les "Propositions pour dire la gauche" de A. Pedraza et J. Zisyadis (page 128 et suivantes), ainsi que "Une économie fondée sur la satisfaction des besoins ou sur le profit ?" (page 54 et suivantes) de J.-M. Dolivo. Remarquable aussi l'apport de C.-A. Udry et J.-F. Marquis "Privatisations, les intérêts d'une formule" (page 206 et suivantes). Si vous n'achetez qu'un livre cette année, achetez celui-ci, il vous (nous) rendra plus intelligents !

Sauvons l'Amazonie.

Exposition "Amazonie-Urgence". "La société pour les peuples menacés" organise à l'Hôtel de Ville de Lausanne cette exposition du 1er au 15 juin. Parallèlement, la Cinémathèque passe deux films : "La forêt d'émeraude" de John Boorman et "En liberté dans les champs du seigneur", d'Hector Babenco. A ne pas rater.

Elections complémentaires au Conseil d'Etat Vaudois.

Lors du débat télévisé retransmis par la télévision lausannoise du 29 mai entre les trois candidats Lambelet, Mermoud, Zisyadis, nous avons pu faire à nouveau le constat qu'une victoire de l'un ou l'autre des candidats de droite serait un renforcement très conservateur du Conseil d'Etat Vaudois. En effet, ces deux candidats pourraient renforcer une politique d'austérité, d'appauvrissement des plus démunis, de discrimination à l'égard des immigrés. Pour toutes ces raisons, le candidat popiste et de la gauche doit l'emporter. Précédemment nous appelions à une victoire de la gauche. Les attaques de Lambelet contre les chômeurs, les aigris et les frustrés qui votent à gauche nous confirment dans nos positions. Par ailleurs, la confirmation par le candidat Mermoud de ses idées d'austérité renforcées, qui ignore totalement la situation réelle des couches populaires et notamment des ouvriers et des employés nous stimule pour souhaiter vivement une très nette victoire de la gauche. Cette victoire permettrait au moins une repolitisation de la gauche, elle accroîtrait les contradictions au sein du Conseil d'Etat, elle créerait un meilleur contexte politique pour le développement des luttes revendicatives qui s'imposent pour faire face au chômage, à l'appauvrissement d'une partie de la population et pour lutter pour l'égalité des droits.
C'est avec regret que nous constatons que certains courants de la gauche vaudoise ont refusé de donner un mot d'ordre clair en faveur du candidat de la gauche. Cette position est politiquement fausse car elle accroît la confusion politique, le manque de discriminants clairs entre la droite et la gauche se renforcera dans les esprits et elle contribuera à conforter la passivité face aux problèmes sociaux-politiques, à renforcer un apolitisme pro-dominants, déjà extrêmement fort dans ce pays. Il faut tout faire et espérer une très nette victoire de la gauche, néanmoins quel que soit le résultat l'ensemble des militants associatifs, syndicaux, politiques devront serrer les rangs et réfléchir collectivement pour créer des structures pouvant animer des mouvements revendicatifs forts car ce n'est que par la confrontation que la droite reculera, si elle perd cette joute électorale, elle encaissera ce coup assez rapidement et elle repartira à l'attaque contre les acquis et contre les positions des organisations des salariés. Une très grande bataille se livrera très prochainement autour de la loi sur le travail. Cette nouvelle attaque synthétise les formes les plus concrètes de la dérégulation du marché de l'emploi voulue par les de Pury et "Compagnies" "Anonymes". C'est donc tous ensemble que les militantes et les militants de gauche doivent affronter cette nouvelle échéance quel que soit leur positionnement sur les questions électorales. Mais force est de constater que dans le climat politique actuel les grands ignorés, les grands absents restent les travailleurs immigrés; le petit effet produit par l'initiative "Toutes citoyennes, tous citoyens" n'a plus aucun échos. Une fois de plus, des décisions importantes seront prises sans la participation d'une fraction importante des travailleurs de ce pays. La classe politique à l'exception modérée mais néanmoins notable du candidat popiste n'a rien trouvé à dire sur cette anomalie. Il faut que dans les mois qui viennent la gauche reparte à l'offensive sur ces trois axes essentiels que sont les combats contre le chômage par la création d'emplois socialement utiles, contre la pauvreté par l'instauration d'un véritable revenu minimum garanti pour les chômeurs en fin de droit et des hausses de salaire; et pour les droits politiques pour les travailleurs immigrés. Il va de soi que l'instrument de cette offensive ne peut être qu'une véritable alliance entre tous les courants de la gauche désirant réellement le changement, en bref une véritable ALLIANCE DE GAUCHE.

Cinéma :

Stealing beauty-Beauté volée de Bernardo Bertolucci avec Jeremy Iron et Liv Tyler. Ce film raconte l'histoire d'une jeune femme américaine particulièrement belle qui va en Italie rejoindre une colonie d'artistes vivants dans la campagne florentine. L'arrivée de cette mystérieuse jeune femme bouleverse par sa jeunesse et sa beauté la petite communauté. En fait, ayant perdu sa mère, elle est à la recherche de son véritable père dont elle sait qu'il est parmi les artistes. Sa rencontre avec les lieux et avec la terre où elle fut conçue donne à ce film une dimension poétique rare. Les images de la campagne aux alentours de Sienne permettent des prises de vue éclatantes, la petite communauté d'artistes fascine par son originalité mais aussi par sa fragilité. La fête dans une vieille maison campagnarde remplie de murs recouverts de fresques anciennes est un moment assez exaltant, scène assez curieuse dans le cinéma de Bertolucci. La bande son, très présente, nous ramène à une atmosphère des années 60 à la fin de la vague hippie aux années pop, notamment très réussie l'insertion de "Superstition" chantée par Stevie Wonder. Très beau film à voir par n'importe quel temps car par sa tendresse, sa poésie et la beauté des images restera sans doute comme l'un des meilleurs films du cinéaste italien.