Janvier 1998 Nº12

Ed. resp. : E. J. Crema

ELECTIONS CANTONALES

Pourquoi une candidature Gauche en Mouvement sur la liste du Parti Ouvrier et Populaire? 

Les années 80 semblaient avoir été la victoire définitive de l’offensive néo-libérale, le triomphe de l’imaginaire capitaliste libéral et la quasi disparition de tout projet social alternatif. Cette contre-offensive a imposé des choses qui semblaient inconcevables auparavant : réduction des salaires réels et parfois même nominaux, des niveaux de chômage dont la gauche avait pensé qu’ils étaient devenus impossibles 825'000 chômeurs actuellement), car ils auraient provoqué une explosion sociale, une augmentation scandaleuse de la pauvreté et de la précarité sociale.

Cependant, dès les années 90 les conflits réapparaissent, des secteurs salariés résistent, les fonctionnaires, les étudiants, les chômeurs et des retraités se réorganisent pour lutter contre les plans d’austérité et de récession économique de la droite et d’une certaine « gauche ».

Dans le canton, notamment, nous avons vu émerger l’énorme mouvement du service public contre le programme d’austérité et contre le démantèlement des prestations de l’Etat, les luttes dans le bâtiment pour des salaires décents, de meilleures conditions de travail et le renouvellement de la convention collective, la résistance au travail sur appel et les mobilisations victorieuses des chômeurs contre l’AFU. Sans oublier la longue mobilisation estudiantine pour une Université libre, ouverte et démocratique.

Si je présente ma candidature, avec d’autres, au Grand Conseil, sous le nom de « Gauche en Mouvement » sur la liste du Parti Ouvrier et Populaire, c’est parce que, ensemble, nous pensons qu’il faut une majorité de gauche au Grand Conseil et au Conseil d’Etat pour nous donner une chance de changement, pour une dynamique démocratique nouvelle. Nous prétendons, issus de ces engagements, de ces luttes, être des relais politiques honnêtes et combatifs de ces débuts de recomposition d’un mouvement de transformation sociale. Chaque jour, le nombre de personnes ayant épuisé leurs droits aux indemnités de chômage augmente. Elles deviennent des RMRistes et vont grossir les rangs de ceux que l’on appelle les nouveaux pauvres. Dans cette sinistre comptabilité, les femmes sont au premier rang. Nous ne pensons pas qu’il faille se résigner à cet état de choses. Nous pensons qu’il est important de faire preuve de détermination et de volonté pour lutter contre les plans antisociaux qui viennent de la droite ou d’une certaine « gauche » capitularde. La droite est dans une logique de cannibalisme social qui l’amène à punir les chômeurs et les revenus modestes plutôt que de s’en prendre aux exploiteurs qui profitent de la crise pour augmenter leurs bénéfices. TOUT CELA N’EST PAS ACCEPTABLE. LES SALARIES ET LES CHOMEURS ENSEMBLE DOIVENT S’OPPOSER.

Dans le contexte politique actuel, il est indispensable que la gauche politique devienne le relais intransigeant des mouvements sociaux ; ce n’est que par l’articulation de toutes les luttes à l’extérieur et à l’intérieur des institutions politiques du canton, qu’une dynamique pour l’abaissement du temps de travail sans diminution de salaire permettant de créer de nouveaux emplois et d’approfondir la démocratie, sera possible.

Dans ce sens, il est indispensable qu’un débat le plus large possible s’instaure sur une diminution rapide et importante du temps de travail :
35 HEURES SANS DIMINUTION DE POUVOIR D’ACHAT N’EST PAS UNE UTOPIE parce que la compression des emplois alliée à l’augmentation de la productivité n’a profité ces dernières décennies qu’aux actionnaires, parce que la durée du travail est plus longue que dans les pays voisins, l’absentéisme est parmi les plus bas d’Europe et la productivité est parmi les fortes du monde.
Par ailleurs, il faut avoir la volonté politique d’agir sur l’économie, en privilégiant la création d’emplois utiles qui répondent aux besoins non-satisfaits dans des secteurs tels que l’éducation, les soins, la recherche, le logement et l’environnement. Ceci nécessite une modification significative de la répartition des richesses et de la hiérarchie des revenus par le biais d’une nouvelle fiscalité, qui permettrait le financement de nouveaux emplois, ce qui réduirait le coût du chômage. De plus, il est temps de mettre à contribution les énormes revenus bancaires produits de la spéculation, et l’augmentation des plus-values tirées des différentiels du Tiers-Monde et des gains de productivité. IL EST URGENT D’AGIR DANS CE SENS.

Sur le plan politique, il est évident que seule une très large union et mobilisation des gauches peut créer les conditions pour un changement social. Dans ce sens, il faut comprendre aussi l’importance du débat sur la nouvelle constitution cantonale impulsée par le groupe autour du chef du Département Justice et Police; en effet, ce projet est un facteur de modernisation et de repolitisation important. Parce que c’est une tentative de dépoussiérer l’Etat cantonal, de rendre plus claires les règles du jeu démocratique et aussi parce qu’il élargirait son assise démocratique si des droits politiques sont octroyés aux travailleurs immigrés. D’autant plus important qu’il est confronté à un projet issu de la droite qui a pour fonction première de tuer dans l’œuf tout véritable débat démocratique.

Le POP propose la construction d’un réseau politique des gauches combatives et de transformation sociale, c’est pourquoi ma candidature Gauche en Mouvement est sur sa liste, pour renforcer la gauche de la gauche. Pour l’heure, il s’agit de battre la droite, de renforcer l’unité de la gauche, de mobiliser tous les militants conscients de la nécessité d’un véritable changement politique.

EN AVANT POUR UNE GAUCHE, UNIE, FORTE ET SOLIDAIRE DANS L’ACTION. POUR UNE REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE ET SOCIALE

Enrique J. Crema

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