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Début d’un automne « chaud » ? Par Enrique Juan Crema Depuis une semaine, des manifestations ont lieu à Chicago, à Boston, à New York pour protester contre le fait qu’aux Etats-Unis comme ailleurs, les dominants prennent des mesures pour faire payer la crise aux classes populaires. Un mot d’ordre fédère ces manifestations « nos pertes sont vos profits ». Les pouvoirs en place répondent à ces mobilisations par la répression : 700 personnes viennent d’être arrêtées à New York lors de la mobilisation devant Wall Street. Sur le plan politique, différents groupes démocrates critiques Etats-Uniens tentent de se fédérer autour du concept « America Dream » comme riposte au Tea-Party. En France, le deuxième débat socialiste apparaît comme un début de campagne de la gauche visant à séduire un électorat de gauche qui, sans doute, aura de la peine à déceler parmi les six candidat-e-s lequel ou laquelle est vraiment prêt-e à défendre les intérêts des salarié-e-s. Il est à espérer que lors des deux prochains débats apparaissent des idées capables de mobiliser le peuple de gauche. Pour le moment, cela semble plutôt compromis. Depuis des mois, le pouvoir Syrien a assassiné des centaines de manifestants, mais les manifestations continuent, l’opposition semble s’unir autour d’un front anti-gouvernement. En Egypte, des élections sont prévues à la fin novembre 2011. Certains médias considèrent que les Frères Musulmans restent la force principale malgré une légère usure dans les universités. L’armée garde le pouvoir et gère la transition, mais vers quel type de régime ? En Tunisie, selon les médias occidentaux, au contraire, alors que la gauche a mené l’insurrection contre la dictature de Ben Ali, des indices laissent penser que c’est plutôt le mouvement Islamique qui s’est renforcé. En Italie, le gouvernement Berlusconi continue à s’affaiblir dans l’opinion mais trouve toujours des majorités parlementaires pour continuer à imposer un plan drastique d’austérité. L’opposition, bien que divisée, commence à manifester ensemble, utilise le référendum et le mouvement des étudiants continue. En Espagne, l’affrontement électoral aura lieu en novembre. Les sondages annoncent une victoire de la droite mais les partis de gauche et les syndicats ne plient pas. Les Indignados continuent de manifester, surtout les week-ends, mais les grands médias boycottent et censurent les événements dont ils sont protagonistes. En Libye, alors que la bataille de Syrte fait rage, le nouveau gouvernement (CNT), d’ores et déjà reconnu par la France et l’Angleterre, appelle les grandes multinationales pétrolières à aller exploiter le pétrole. On est peu informés sur la nature des nouveaux contrats signés avec les magnats du pétrole. Pendant ce temps, le CICR fait savoir qu’à Syrte, la situation humanitaire est désespérée. En Suisse, à quelques semaines des élections nationales, les télés nous montrent M. Polanski à l’infini interviewé par les stars des chaînes helvétiques. Dans la rue, les villes et les campagnes se couvrent de millions de francs suisses déversés, sous forme d’affiches, par les partis de droite, et notamment par les milliardaires de l’UDC, qui déversent plus que jamais leur xénophobie et leur europhobie en toute impunité. Cette fois, une de leurs affiches, les Jeunes UDC, appelle à « se protéger des virus européens » et expose pour cela un préservatif sur le drapeau européen… La Norvège demande au Ministère Public de la Confédération sa collaboration pour enquêter en Suisse, notamment au sujet d’une dizaine d’individus qui auraient exprimé des positions élogieuses vis-à-vis de l’assassin des jeunes Travaillistes Norvégiens (24 Heures). Cette enquête, si elle a lieu, pourrait révéler des données importantes sur les menées de l’extrême-droite suisse dans les pays européens. En Grèce, le gouvernement baisse les rentes aux retraités, baisse les salaires aux fonctionnaires et annonce la suppression de 30'000 postes de fonctionnaires, alors que les armateurs ne sont toujours pas taxés et l’Eglise Orthodoxe non plus. Les manifestations de la classe travailleuse et des chômeurs continuent. Mais c’est surtout en Israël qu’ont eu lieu cette semaine les manifestations les plus importantes. Alors que le gouvernement faisait l’impasse une fois de plus sur la question d’un Etat Palestinien, les masses travailleuses se mobilisaient pour faire connaître leurs désaccords au sujet de la politique économique suivie par leur gouvernement. En Angleterre, les syndicats des petits et moyens fonctionnaires ont mobilisé à Manchester 35'000 personnes devant le Congrès du Parti Conservateur, demandant la démission de David Cameron et les taxant de « pourris ». Ce mouvement prépare une grève générale qui a pour but de remettre en question les mesures s’attaquant aux retraites et visant à supprimer plus de 300'000 postes de fonctionnaires. Après les émeutes des jeunes immigrés, la préparation des futures mobilisations d’autres secteurs de la classe travailleuse s’annonce dans ce pays. Ceci démontre que ceux qui, en 2008-2009, expliquaient dans les grands médias que la crise financière ne toucherait pas à l’économie réelle étaient de piètres analystes ou de fieffés menteurs. Le monde connaît sa plus grave crise depuis 1929 et cela met à l’ordre du jour la nécessité d’exercer une pensée visant à l’action comme nous le démontrent les mobilisations en cours. Les manifestants de New York, structurés autour du mouvement « Occupons Wall Street », nous appellent à nous mobiliser dans l’ensemble des pays agressés par le système financier irresponsable. Ne pourrions-nous pas commencer, afin de mettre fin à cette crise, par nationaliser toutes les grandes banques qui ont provoqué la crise dès 2008 par leurs agissements totalement irresponsables ? Ou du moins créer un pôle bancaire financier visant à financer la création d’emplois sous contrôle de l’Etat ? La gauche Danoise, ayant gagné les élections, prendra le gouvernement. Ce pays, il y a quelques semaines, avait décidé de fermer ses frontières aux pays environnants, notamment avec l’Allemagne, ce qui portait un coup au principe de libre-circulation des personnes. On ose espérer que la gauche Danoise a d’autres idées pour combattre le dumping salarial et qu’elle osera par exemple plutôt proposer un salaire minimum européen à la place de mesures discriminatoires.
2 octobre 2011
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