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Novembre 1996 Nº7 Ed. resp. : E. J. Crema Révision de la loi sur le travail Le 1er décembre il faudra voter massivement "non" à la révision de la loi sur le travail parce qu'elle vise sous prétexte de compétitivité économique internationale, autrement dit sous prétexte de revitalisation économique du pays, à accroître l'exploitation des salariés. Il faut oser dire ce que la plupart des gens pensent, on travaille déjà bien assez, on consacre déjà bien assez d'énergie au patronat et aux milieux financiers. Il est temps de dire haut et fort que nous voulons nos dimanches, nos nuits et nos soirées de semaine. Pour pouvoir mener une véritable vie de famille, pour pouvoir développer de véritables relations, pour pouvoir cultiver l'amitié, pour pouvoir ne rien faire, lire, écrire, faire du sport, se promener, pour pouvoir comprendre, pour redonner un sens à nos vies, pour faire de la politique, comprendre ce que l'on vote, comprendre pourquoi il y a tant de suicides dans ce pays, pour être capable un jour de sortir du marasme dans lequel nous sommes, pour pouvoir rêver, pour pouvoir changer, être capable de construire un monde où les enfants seront à l'abri, où les vieux n'auront pas peur, et où les autres ne se sentiront pas coupable de vivre dans une société intolérable et injuste. Dans laquelle l'augmentation de la productivité liée à l'automatisation et à l'informatisation n'a servi qu'à créer du chômage et à provoquer une chute du pouvoir d'achat de larges couches de salariés. Droit d'asile Le milliardaire Blocher veut de son côté annuler le droit d'asile. En effet, si son initiative concernant l'immigration clandestine n'est pas rejetée, il en sera fini du droit d'asile. De fait cette initiative vise à empêcher à toute personne réellement en danger pour des raisons politiques d'être en Suisse pendant la procédure, ce qui reviendrait à laisser en état de danger ou de précarité totale en attendant que les instances helvétiques concernées lui accordent le droit d'entrée. Il n'est pas possible de laisser passer une telle initiative car elle est raciste, xénophobe, elle est donc en violation du droit existant en la matière. On peut se demander pour quelle raison les juristes de la confédération n'ont pas cru nécessaire de considérer cette initiative comme anticonstitutionnelle quand on sait avec quelle minutie ils ont réussi à bloquer l'initiative anti-crise il y a quelques années. Fondamentalement cette initiative entre dans la stratégie développée par le parti gouvernemental de Blocher de continuer à attaquer l'immigration en vue de diviser les salariés entre suisses et immigrés d'une part, mais aussi en vue de diviser l'ensemble de la société suisse entre les tenants d'un réduit national nouvelle version qui se met en place depuis le vote contre l'Espace économique européen, et ceux qui souhaitent une ouverture démocratique du pays. Ce genre d'initiative empêche l'ouverture d'un vrai débat sur ce qu'est la véritable liberté de circulation des personnes dans les cadres juridiques actuels, le chômage restreignant fortement cette liberté, et surtout empêche tout débat réel sur les problèmes du tiers monde. Pour toutes ces raisons il faut voter massivement "non" à cette initiative. Revenu minimum L'Initiative de SolidaritéS pour un revenu minimum est la seule réponse possible pour venir en aide aux chomeurs en fin de droit, après ce qui s'est passé au Grand Conseil Vaudois sur le revenu minimum. En effet, la droite ayant réussi à saboter les projets présentés et mal défendus par M. Biéler, le résultat est que le RMR stipulé ne résoudra pas le problème du minimum vital objectivement nécessaire pour vivre dans le canton de Vaud, le montant a été maintenu trop bas par rapport au niveau des prestations complémentaires qui est le vrai minimum nécessaire. Pas plus que le problème d'une véritable insertion sociale et professionnelle pour les personnes arrivées au terme de leurs indemnités de chômage. Face à cette impossibilité, de donner une véritable issue à toutes ces personnes victimes du marché néo-libéral, il est vital que cette initiative passe car elle leur donnerait au moins de quoi subsister dignement. Votons donc massivement "oui" à l'initiative "Pour un revenu de solidarité. Elections complémentaires au Conseil d'Etat Vaudois. Lors du débat télévisé retransmis par la télévision lausannoise du 29 mai entre les trois candidats Lambelet, Mermoud, Zisyadis, nous avons pu faire à nouveau le constat qu'une victoire de l'un ou l'autre des candidats de droite serait un renforcement très conservateur du Conseil d'Etat Vaudois. En effet, ces deux candidats pourraient renforcer une politique d'austérité, d'appauvrissement des plus démunis, de discrimination à l'égard des immigrés. Pour toutes ces raisons, le candidat popiste et de la gauche doit l'emporter. Précédemment nous appelions à une victoire de la gauche. Les attaques de Lambelet contre les chômeurs, les aigris et les frustrés qui votent à gauche nous confirment dans nos positions. Par ailleurs, la confirmation par le candidat Mermoud de ses idées d'austérité renforcées, qui ignore totalement la situation réelle des couches populaires et notamment des ouvriers et des employés nous stimule pour souhaiter vivement une très nette victoire de la gauche. Cette victoire permettrait au moins une repolitisation de la gauche, elle accroîtrait les contradictions au sein du Conseil d'Etat, elle créerait un meilleur contexte politique pour le développement des luttes revendicatives qui s'imposent pour faire face au chômage, à l'appauvrissement d'une partie de la population et pour lutter pour l'égalité des droits. Théatre : «Joséphine la cantatrice» est une des oeuvres écrites par Franz Kafka à la fin de sa vie; cette pièce montre l'influence d'Isak Löwy, chef du Théâtre Yiddish de Prague sur l'oeuvre de Kafka. Monté par l'excellent Jacques Roman au Théâtre de Vidy à Lausanne, avec Magali Schwartz. Cette performance est une véritable rencontre à ne pas manquer. Du 5 au 24 novembre 1996. Grève de la fonction publique genevoise L'événement culturel de ce mois est la grève de la fonction publique genevoise et les différents cortèges et manifestations. Ces événements ont été réduits par la presse patronale à des faits strictement économiques alors qu'en réalité le sursaut des fonctionnaires est autant culturel et social qu'économique. E. J. Crema Copyright © La Lettre Libre Tous droits réservés. La reproduction de ce qui est publié est consentie, à condition de citer la source et l’auteur, et soumise au droit d’auteur. |
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