Une injuste et dangereuse austérité

Par Enrique Juan Crema

Selon le dernier rapport du Bureau International du Travail (BIT), il y aurait en Europe 21 millions de chômeurs; dans le même rapport, le chiffre de 280 millions est donné au niveau de la planète. Le BIT prône la création rapide de 600 millions d’emplois pour la prochaine décennie pour faire face à la crise économico-politique que nous vivons. Dans ce contexte, la plupart des intervenants de Davos ont lucidement débattu non pas en glorifiant cette fois le mode de production, de distribution et de gouvernance capitaliste, mais plutôt en considérant que le système est en échec. Pourtant, ces ex-apologistes du système n’ont pas été capables cette fois d’indiquer des pistes pour répondre à leur propre constat de défaite idéologique. Bien évidemment, on pourrait nuancer mais ce serait oublier que la rencontre de Davos a été prévue et engendrée comme centre mondial de réflexion d’un ensemble d’entités politico-économiques, dont le but premier était d’affirmer que le système capitaliste globalisé à partir des années 80 était le seul système possible et deuxièmement qu’il était capable d’assurer, contrairement aux économies administrées, un progrès économique constant. Nous aurions aimé entendre non seulement des constats d’échec tenus par ces érudits du libre-marché, mais aussi une autocritique approfondie, plus particulièrement par rapport aux mécanismes financiers qui ont provoqué la crise et qui restent en vigueur quatre ans après.

En Syrie, ce week-end, la répression gouvernementale a fait 180 morts. Ce qui porte à plus de 5'000 le nombre des personnes assassinées par les forces répressives depuis les premières manifestations anti-gouvernementales. Il faut que les forces démocratiques, progressistes, socialistes se mobilisent pour trouver des pistes pouvant créer une issue négociée dans ce pays. Les chemins vers une transition démocratique doivent être rapidement trouvés sous peine de voir le peuple syrien sombrer dans une guerre civile du type libyen.

A trois mois des élections en France, le président M. N. Sarkozy s’engage dans un nouveau plan d’austérité comme en Espagne et en Italie ; plan dans lequel, de toute évidence, il s’agit d’attaquer le pouvoir d’achat des salarié(e)s, d’alléger les charges patronales, de réduire le nombre de fonctionnaires, autrement dit de se plier aux méthodes souhaitées par Mme A. Merkel. Face à cela M. F. Hollande a annoncé un programme qui semble pour l’instant mettre en marche une partie au moins des militants du courant social-démocrate. A remarquer le timide appel fait à l’électorat du Front de gauche par le leader socialiste, qui a publiquement réaffirmé le principe du vote au candidat de gauche le mieux placé au premier tour, au deuxième tour. Il reste à savoir si cette ouverture vers les électeurs de M. J.-L. Mélenchon suffira pour créer une véritable dynamique unitaire au sein de la gauche française, entre les deux principaux courants de gauche, en vue du deuxième tour.

En Belgique, les syndicats ont appelé à une grève générale contre l’austérité qui a été très largement suivie. Ces syndicats faisaient remarquer qu’à l’heure qu’il est, c’est toute l’Europe qui est soumise à des plans d’austérité. Ces plans sont soutenus partout par la totalité des forces de droite et par la plupart des partis socialistes. La question qui se pose aujourd’hui c’est comment organiser au niveau européen une force politique capable de défendre l’intérêt général en partant de la défense des intérêts du peuple travailleur et des laissés-pour-compte. Cette grève est d’autant plus significative qu’elle intervient le jour même où l’Allemagne se sert de la crise de la dette souveraine pour imposer sa conception économique, sa conception de la rigueur, à l’ensemble des pays européens comme si elle était un modèle d’égalité ou de justice sociale. Nous laissons les militants de la gauche allemande répondre à cette appréciation.


31 janvier 2012



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