2012 : Vive le 1er Mai, journée de mobilisation du peuple travailleur

Par Enrique Juan Crema

Alors que la campagne présidentielle française pour le 1er tour s’achève, force est de constater que l’unité entre la gauche réformiste et la gauche révolutionnaire ne s’est pas faite, autrement dit le débat entre les Anti-Libéraux et Altermondialistes a de la peine à se faire. Malgré tout, il y a eu une mobilisation importante en faveur du Front de Gauche, représenté par un tribun d’exception, M. Jean-Luc Mélenchon, dirigeant du Parti de Gauche. Il a su créer un élan qui tend à l’unité, du moins électorale, de la gauche française pour l’union dans les urnes au 2ème tour ; battre la droite est la condition sine qua non pour qu’une nouvelle phase politique s’ouvre en France et en Europe.

En Espagne, en Grèce et au Portugal, alors que des millions de chômeurs sombrent dans la précarité – voire dans la misère - les appels aux grèves générales des syndicats et les mobilisations dans la rue deviennent importantes contre les gouvernements en place. Une forte dynamique de recomposition syndicale se fait jour dans ces pays, qui aboutira sans doute à des recompositions politiques au sein des gauches.

En Italie, le gouvernement d’austérité perd chaque jour des appuis et se verra rapidement obligé d’appeler à de nouvelles élections pour canaliser vers le parlement des mobilisations populaires de plus en plus importantes contre l’austérité.

En Argentine, un large mouvement populaire se fait jour autour de trois revendications : la lutte contre la pauvreté, la mise sous contrôle de l’Etat du pétrole – actuellement par un affrontement avec une compagnie espagnole - et par l’affirmation face au monde, par le biais des Nations Unies, que les Malouines sont argentines.

Rafael Correa, président de l’Equateur, s’affirme chaque jour comme le point de référence d’une nouvelle gauche latino-américaine. En effet, il n’a pas hésité à boycotter la réunion du Sommet des Amériques, en compagnie des autres pays de l’Alba et aussi de l’Argentine qui a quitté la réunion ; pour montrer, ensemble, leurs désaccords stratégique, économique et politique avec la direction étasunienne. Ces mouvements en marche qui sèment dans le monde des graines pour sortir un jour du capitalisme du désastre doivent avoir notre soutien, non seulement parce qu’il y va de leur avenir, mais aussi du nôtre.

Le procès du terroriste d’extrême-droite de Norvège nous montre à quoi peuvent mener les doctrines ultranationalistes européennes aujourd’hui. Il ne faut pas être naïf vis-à-vis des extrêmes-droites, il est urgent de leur faire face dès aujourd’hui, exigeant que cette brute criminelle soit condamnée à la perpétuité. Cette condamnation est d’autant plus nécessaire que ce militant néo-nazi norvégien est en train de parvenir à transformer son procès en tribune politique, et qu’une partie des médias se prête à son spectacle avec une ignoble complaisance. Mais regardons aussi de près ce qui se passe en Hongrie et surtout en Autriche, où des partis d’extrême-droite annoncent d’ores et déjà qu’ils feront abolir la loi qui interdit la reconstitution du parti nazi ; or, c’est avec ceux-là que Mme Le Pen s’est solidarisée publiquement à plusieurs reprises.

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Dans ce contexte, il est plus important que jamais de se réunir pour réfléchir, agir, marcher ensemble, s’organiser. Nous appelons à manifester le 1er Mai à Lausanne dès 17h à la place de la Riponne, à Genève à 15h boulevard James-Fazy, à Fribourg à 14h30 place Python, à Sion à 17h rue de Conthey 2, à Neuchâtel à 14h Place du Coq-d’Inde, à La Chaux-de-Fonds à 14h place Espacité, à Nyon à 17h à la salle du conseil communal, à Yverdon à 17h30 place Pestalozzi, à Bienne à 16h place de la gare, à Moutier à 12h à la gare. Tous ensemble pour nos droits syndicaux et pour nos droits politiques, pour une Suisse solidaire pour la démocratie directe

Film et conférence : Invitation à Pôle Sud, rue Jean-Jacques Mercier - Place de l’Europe à Lausanne - Vendredi 27 avril 2012 à 20h 

Démocratie directe, utopie ou alternative – Juan Manuel Sanchez Gordillo, Maire de Marinaleda

A 20h, projection d’un film inédit en Suisse retraçant cette expérience extraordinaire "Marinaleda - un village en utopie" de Sophie Bolze (entrée libre)

A 20h30, conférence avec Juan Manuel Sanchez Gordillo

Marinaleda est une commune d'Espagne, dans la province de Séville, communauté autonome d'Andalousie.
Son fonctionnement est pensé comme une globalité. Depuis la fin de l'ère franquiste, Marinaleda fonctionne en démocratie directe. Tous les aspects de la vie sociale, politique et économique de la commune y sont discutés et mis en œuvre collectivement par les citoyens. Juan Manuel Sánchez Gordillo, maire de Marinaleda, est un militant de la gauche anticapitaliste. Depuis plus de 30 ans, il est régulièrement réélu mais n'est avant tout que le porte-parole de la volonté générale : car, ici, tous les élus sont révocables par simple vote des habitants. Toutes les questions concernant la communauté (logement, emploi, équipements, impôts, etc.) sont soumises à la concertation et au vote populaire au cours de la centaine d'assemblées générales qui se tiennent chaque année. L'économie locale est principalement d'origine agricole (culture et mise en conserve de divers légumes). La collectivisation des terres, la présence d'une coopérative agricole populaire et d'une usine en sont des atouts majeurs. Les bénéfices produits par la communauté ne sont pas distribués mais réinvestis pour financer la création de nouveaux emplois ainsi que divers services et équipements municipaux (piscine, terrain de sport, etc.) que chacun peut utiliser gratuitement. Les grands propriétaires terriens (notamment un duc ami du roi Juan Carlos !) ont été expropriés et la terre ainsi récupérée a été partagée également entre tous. Le salaire de tous les travailleurs, quel que soit leur poste, est de 47 euros par jour à raison de six heures et demie de travail quotidien. Le coût de la vie y est faible, à l'image du prix de location des logements (15 euros/mois) ou de celui de la garderie d'enfant (12 euros/mois cantine comprise). À tout fils ou à toute fille d'habitant qui a besoin d'une maison, la mairie fournit le terrain, le matériel et l'architecte gratuitement à condition que le futur habitant de ladite maison participe à la construction. Les ouvriers qui édifient la structure sont des professionnels de la construction, des maçons sous contrat de la mairie, qui viennent en renfort pour diriger les auto-constructeurs et pallier le manque de savoir-faire des habitants. Les futurs voisins d'un même quartier se mettent à travailler ensemble sur le groupe de maisons à construire. Les habitants de Marinaleda ont dû lutter parfois durement pour imposer ce système municipal sans chômeurs ni promoteurs, qui demeure toutefois très critiqué par la droite. Bien des menaces ont été proférées à leur encontre et l'expropriation de quelques grands propriétaires agricoles (aristocrates ou capitalistes) au profit de tous ne s'est pas faite sans de nombreux procès. Le maire lui-même a été victime de deux attentats de la part de l'extrême droite.

Vous êtes tous/toutes invitées.

Chonta Solidario

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