Octobre 1995 Nº8

Ed. resp. : E. J. Crema

Election complémentaire au Conseil d'état 

Pour quelques centaines de voix, Madame Maurer n’a pas été élue au Conseil d’Etat. Nous nous réjouissons du ballottage qui l’opposera à Monsieur Maillard, l’élection de la radicale aurait été une défaite pour la gauche. La campagne du candidat socialiste était très intéressante. En effet, elle s’inscrivait dans une ligne d’opposition aux plans d’austérité de la droite et ceci est de bon augure pour les salariés. Cependant, il faut remarquer que le thème décrit dans son programme pour le droit de vote pour les immigrés a été moins développé. Il faut donc que la gauche assure l’élection de son candidat, pour cela nous devons nous mobiliser sans nous cacher la réalité : une incroyable apathie politique s’est emparée de la majorité des salariés, la méfiance vis-à-vis de la classe politique s’étend a fur et à mesure que le chômage et la pauvreté progressent. Quels que soient les résultats du deuxième tour de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat, il sera inéluctable d’ouvrir un large débat sur ces problèmes fondamentaux. Dans cet état de choses, l’extension des droits démocratiques et politiques aux immigrés ne peut être qu’un début de relance démocratique qui servirait à corriger les processus de représentation actuellement viciés. Il faut ouvrir ce débat en lien avec le débat impulsé sur la question d’une révision de la constitution par le Conseiller d’Etat popiste. Mobilisons-nous donc pour assurer l’élection de Monsieur Maillard au Conseil d’Etat.

Théâtre

A voir absolument : la reconstitution de Bernard Noël, mise en scène par Jacques Roman.
Au Théâtre de l’Arsenic de Lausanne, du 22 janvier au 8 février 1997.
Ce thème a été écrit par l’auteur suite à la mort du jeune Loïc Lefèvre tué par un C.R.S. à Paris en 1986.
« La Reconstitution » du crime est mise en place par un juge à travers les témoignages visuels et ce en présence du tueur.
Jacques Roman dans la présentation de cette œuvre nous rappelle que « Bernard Noël est l’un des plus grands poètes français de notre époque. L’Histoire a toujours été présente au cœur de sa réflexion. Héritier spirituel de Georges Bataille, il poursuit une enquête inquiète sur l’homme, ses obscurités, ses obsessions, ses actions ».
Par ailleurs, l’auteur dit ceci à propos de son œuvre :
« Nous avons conquis tous les droits et oublié la conquête. Nous ne savons même pas que cet oubli sert ceux qui ne laissent aux hommes que le droit de mourir. Liberté, égalité, fraternité : au commencement est la Déclaration et elle met d’accord la tête et le cœur, les sentiments et la raison. Puis le temps passe et qu’est-ce qui demeure acquis ? Les Droits de l’homme sont devenus une expression qui couvre le minimum de la morale civique propre à préserver la sécurité de chacun. Ces droits sont à la fois la garantie de l’ordre et ce qu’il doit garantir… ».
Pour poursuivre cette réflexion ne manquez pas cette représentation.

Cinéma

Film : Evita d’Alan Parker, avec Madonna et Antonio Banderas.
Dans un premier temps, la présidence argentine avait autorisé que ce film soit fait en Argentine. En cours de route, la polémique entre les différents courants péronistes entre eux les a obligés à quitter le pays et à le finir en studio. Le résultat de point de vue des images est qu’il ne reste pas grand-chose à voir sur l’Argentina. Côté historique, tout reste trop vague et trop ambigu pour qu’on s’y attarde. Néanmoins, il faut reconnaître que cette comédie musicale est très agréable à regarder et excellente à écouter.

Livre

Livre. Chef d’œuvre de littérature enfantine : Diego (paru à L’Ecole des Loisirs, traduction française 1992). Ce livre écrit par Jonah Winter, relate la vie de Diego Rivera, peintre mexicain. A l’aide d’un vocabulaire accessible à de jeunes enfants et d’illustrations colorées rappelant les incomparables fresques de Diego, les auteurs décrivent les principales étapes de la vie de l’artiste, ainsi qu’une brève explication politique de son message pictural.

Droits de l'immigration

Nous aurions voulu vous relater les débats entre les différentes associations d’immigrés du canton de Vaud et l’office cantonale des étrangers sous la responsabilité du Département Justice et Police, mais nous n’avons pas été invités. Nous vous renvoyons donc à la presse publicitaire officielle.

De la pauvreté

Différents chiffres concernant ce problème social apparaissent ces jours-ci dans la presse. Une étude fédérale avancerait le chiffre d’un demi-million de pauvres dans ce pays. Nous n’avons bien évidemment pas les moyens de vérifier la justesse de cette étude. Néanmoins, il est important de comprendre que ce chiffre peut être vérifié au niveau cantonal par l’addition des personnes à l’assistance publique, plus les chômeurs, plus les retraités ayant droit aux prestations complémentaires, plus ceux qui touchent des salaires sociaux (RMCAS, RMR), plus les chômeurs non inscrits, les nombreux petits salariés n’entrant dans aucune statistique cantonale ni fédérale. Et nous laissons de côté les travailleurs au noir.
Or, dans aucune étude officielle le problème des bas salaires est réellement posé. Mais poser le problème n’est pas forcément y donner une réponse. Car les conventions collectives qui instaurent souvent un salaire minimum ne sont pas toujours respectées, elles n’ont pas force de loi, ce qui laisse la question ouverte aux relations de force patronnat-syndicats et ces chiffres nous montrent justement la réalité de cette corrélation. Face à cet état de chose, on peut s’étonner qu’alors que cette situation s’aggrave d’année en année, aucune force politique ne prenne la responsabilité de lancer des initiatives cantonales ou une initiative fédérale visant à instaurer un salaire minimum : tout travail méritant un salaire décent, ceci n’est même pas un vieux proverbe révolutionnaire, mais un résidu de l’idéologie de la bourgeoisie montante des siècles passés. Qu’en reste-t-il ? Ceci aussi pourrait s’inscrire dans le débat sur l’Europe, car certains pays de l’Union Européenne connaissent le principe du salaire minimum obligatoire, d’autres pas. L’existence d’un minimum salarial pourrait être, en cas de facilitation de la circulation des personnes, un moyen d’empêcher le dumping salarial et de préserver le pouvoir d’achat des salariés. Ce serait aussi un moyen d’empêcher que les salaires sociaux, tels que le revenu minimum d’aide sociale genevois (RMCAS) ou le Revenu Minimum Cantonal d’Aide de Réinsertion Vaudois (RMR) fassent des pressions à la baisse sur les salaires des travailleurs ayant un emploi. Nous espérons qu’une réflexion sur ce thème sera rapidement amorcée par les organisations représentatives des salariés, profitant du tapage médiatique sur la pauvreté des jours derniers.

E. J. Crema

Copyright © La Lettre Libre

Tous droits réservés. La reproduction de ce qui est publié est consentie, à condition de citer la source et l’auteur, et soumise au droit d’auteur.

Actu | Politique | Archives | Espagnol | Italien | Culture | Sport